• nicocool84@sh.itjust.works
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    12 days ago

    Pensées de douches tangentielles que j’aimerais bien organiser sous forme d’un texte un peu plus long et réfléchi un jour : voyager, c’est sur-côté. C’est très facile pour moi de dire ça, j’ai énormément pris l’avion et voyagé dans ma vie, et même passé plusieurs mois d’affilés sous des latitudes différentes. Il y a indéniablement des effets positifs aux voyages, rupture avec le quotidien qui permet de prendre du recul, ouverture d’esprit au contact de cultures différentes, et j’en passe… MAIS.

    Le voyage de vacances comme récompense de l’année de boulot pose plusieurs problèmes majeurs je pense, et il est peut-être temps de remettre en cause ce totem :

    • Problèmes écologiques évidents (OK on est pas obligé de partir loin, mais souvent c’est perçu comme un voyage moins réussi)
    • Se sortir du quotidien, très bien, mais finalement est-ce qu’on devrait pas plutôt chercher à ce que le quotidien soit moins détestable, ie, est-ce que ce voyage annuel ne joue pas le rôle de soupape qui permet de supporter l’aliénation induite par des jobs absurdes, de l’individualisme, de l’absence de sens de notre vie de consommateur, (insérez ici plein de trucs sales liés au capitalisme et au productivisme)
    • Les parcours touristiques classiques sont généralement des sortes de disneyland artificiels. Y a plusieurs parfums pour ces disneyland, y compris le parfum « oui mais moi je vais chez l’habitant je sors des sentiers battus je suis pas mainstream » (ce n’est pas impossible, mais il existe aussi des pièges pour ceux qui recherchent ça)
    • Est-ce qu’on découvre tant que ça « la culture » d’une destination en y allant ? Volontairement provocateur, mais est-ce qu’on en apprend pas plus sur un pays en lisant sa page wikipedia qu’en y visitant je ne sais quelle jolie attraction touristique ?

    Ces réflexions je me les fais à chaque fois que j’entends des discours « les gens de là bas sont tellement plus gentils/simples/généreux » qui je pense sont du pipi de chat. Moi aussi j’ai voyagé, et dans le monde entier j’ai trouvé des gens qui étaient parfois généreux, parfois égoïstes, avaient toujours besoin de manger boire faire pipi caca, et avaient besoin de la reconnaissance/l’amour de leurs semblables. 🤷 Mention spéciale à ce couple de jeunes Français croisés au Maroc et leur « mais quand même ici, les gens sont sympas, c’est pas les mêmes que chez nous » (au cas où ce n’est pas clair, ça voulait dire, « c’est pas comme les sales arabes qui vivent en France »).

    Contredisez-moi, c’était le but de ce post.

    • mat@jlai.lu
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      12 days ago

      J’avais jamais vraiment poussé ma réflexion dessus, mais je m’y retrouve pas mal donc je ne pourrai pas contredire. J’ajouterai même que le premier mépris de classe (en ne lisant que la partie gratuit de l’article), c’est la violence symbolique de dire que c’est pas de leur faute, tu comprends, ils ne comprennent pas. Par ailleurs, ne pas du tout évoquer la question des locaux qui parfois se font juste entuber (les lieux de tournage de game of thrones par exemple avaient connus une inflation monstrueuse pour profiter des touristes au détriment des locaux qui ont vu leur qualité de vie baisser) bah je trouve que c’est du mépris non ?

    • lefarfadet@mstdn.io
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      12 days ago

      @nicocool84

      J’aime beaucoup ce que tu dis, et j’ai le travers de faire ce “voyage annuel qui vaut les heures de boulot en récompense”. Pour moi c’est surtout deux choses:

      L’aspect collectionnite: je connais, j’ai mangé, j’ai vu, j’ai échangé. Et je veux y retourner ou pas. Y vivre aussi est une question.

      Trouver ce que je trouve pas ici: en tant que plongeur, c’est trouver des choses que j’ai pas sur place. Donc loisir+dépaysement.

      @joelthelion

    • Crampi@sh.itjust.works
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      11 days ago

      Se sortir du quotidien, très bien, mais finalement est-ce qu’on devrait pas plutôt chercher à ce que le quotidien soit moins détestable, ie, est-ce que ce voyage annuel ne joue pas le rôle de soupape qui permet de supporter l’aliénation induite par des jobs absurdes, de l’individualisme, de l’absence de sens de notre vie de consommateur, (insérez ici plein de trucs sales liés au capitalisme et au productivisme)

      Oui avec la puissance de 1000 soleils. Les gens ont tellement intégré que la vie quotidienne (le travail surtout) ça devait être un enfer que ça leur parait impossible à changer. Ça met une pression de ouf sur les quelques vacances qu’il faut “réussir” à tout prix parce que c’est la seule fenêtre de liberté qu’on nous laisse dans la vie.

      Faut qu’on foute en l’air le capitalisme.

      • nicocool84@sh.itjust.works
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        12 days ago

        c’est vraiment le truc facile de reprocher aux autres la vapidité culturel de leur voyage

        Je me l’auto-reproche également. À vrai dire je pense n’avoir jamais réussi à sortir vraiment des circuits balisés pour touristes, malgré des efforts en ce sens, sauf quand j’ai rejoint quelqu’un qui vivait sur place. Là ça change tout. J’ai également accueilli des touristes gratos pendant plusieurs années chez moi (via bewelcome) et j’aime à penser, orgueilleusement, qu’ils ont eu une expérience un peu différente de ma très touristique ville.

        Quand à la théorie, sur l’aliénation des jobs absurdes et la tristesse du quotidien, je pense que c’est rapidement démontré faux par le fait que plus les gens sont riche et confortable plus ils voyagent.

        Je ne pense pas que ça démontre quoique ce soit. On peut très bien imaginer que les riches voyagent car c’est un signe extérieur de richesse qu’il est bon d’afficher, que les plus pauvres le font car ils aspirent à devenir riches, ou même chacun des “groupes de richesse” voyagent pour des raisons différentes. (je ne dis pas que ma théorie est valable, c’est avec ton “rapidement démontré” que je ne suis pas d’accord).

        désastre écologique

        Ben c’est un peu tout le fond du problème. Ce que je dis d’autre c’est accessoire, le désastre écologique c’est la raison.

        tristesse infinie

        Je pense qu’il est tout à fait possible de décider collectivement de ne plus valoriser autant le fait de voyager, et que le fait que ça soit si “joyeux” de voyager est largement une construction sociale (que l’on doit déconstruire). Il me semble qu’il y a un parallèle intéressant à faire avec l’hyper-consommation. Prenons les fringues par exemple, on sait que ça pollue, c’est fabriqué dans des conditions épouvantables l’immense majorité du temps et pourtant il y a une “joie d’acheter” qu’il est dur de combattre. Décider de rapiécer ses fringues, accepter de porter des trucs un peu délavés est vécu comme triste généralement — il faut déconstruire ça aussi. D’ailleurs, « se déconditionner de la joie d’acheter et se conditionner à la tristesse d’acheter », c’est un autre thème (parmi les 8542 autres) sur lequel j’aimerais écrire un jour (=jamais ^^).